dimanche 4 décembre 2011

Evangile du Dimanche 18 décembre

Chers lecteurs,
Nous vous annonçons la fermeture de ce blog pour la raison suivante. Après quelques mois d’exercice,  nous constatons que son but n’est pas atteint :   susciter  des méditations d’Evangile qui ne soient pas des réactions sous forme de commentaires de commentaires anonymes mais l’expression personnelle de ce que la Parole dit à chacun, ce qui le touche ou le frappe  d’une manière unique. 
 Bonne suite à vous

Les contributeurs Geneviève et Philippe


Luc 1, 26-38

26 Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth,
27 à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la maison de David; cette jeune fille s’appelait Marie.
28 L'ange entra auprès d’elle et lui dit : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi.»29 À mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
30 L'ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31 Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33 il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. »
34 Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je n’ai pas de relations conjugales ? »35 L'ange lui répondit: "l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu.36 Et voici qu'Élisabeth, ta parente, est elle aussi, enceinte d’un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile, 37 car rien n'est impossible à Dieu. "
38 Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit ! »Et l'ange la quitta.

_____________________________

dimanche 30 octobre 2011

Evangile du dimanche 4 Décembre


Marc 1, 1-8

1 Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu :
2 Ainsi qu’il est écrit dans le livre du prophète Esaïe : Voici, j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin.
3 Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
4 Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés.
5 Tout le pays de Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés.
6 Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Il proclamait : « Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales.
8 Moi, je vous ai baptisés d'eau, mais lui vous baptisera d’Esprit Saint. »


__________________________________



Commentaire de Philippe



On doit toujours accorder la plus extrême importance aux premiers propos d’un texte. Marc, d’emblée, nous indique le but de son Évangile : parler de Celui que les prophètes, depuis les temps anciens, ont annoncé. C’est en effet par le rappel d’une prophétie d’Isaïe qu’il commence, et il affirme que cette prophétie se réalise dans la prédication et la vie de Jean-Baptiste. Par ce rappel, il invite les disciples à rentrer dans la mémoire de la longue histoire d’amour de Dieu avec son peuple. Et en indiquant que l’on vient de partout, et en nombre, de la terre d’Israël voir et écouter Jean-Baptiste, il ouvre la porte aux hommes de toutes les nations.

Il nous faut noter que Jean vit comme un ascète. Comme si cette vie austère était une préparation à l’accueil du Messie. Mais il ne mâche pas ses mots : sa prédication est un appel à la conversion en vue du pardon des péchés. Il a dû en choquer plus d’un. Quoi ! Comment ? Nous, membres du peuple élu, enfants d’Abraham, respectueux de la Loi dans ses moindres détails, il faut que nous nous convertissions. Mais nous payons la dîme sur la rue et le fenouil ; nous ne dépassons pas, dans nos déplacements, les limites qui sont imposées, le jour du sabbat, à tous les fils d’Israël ; nous célébrons la pâque, et la fête des tentes, et celle de la dédicace. Et il faut que nous nous convertissions ?

Et il s’est trouvé au temps de Jean-Baptiste des dizaines, des centaines, peut-être des milliers de juifs pieux, au cœur droit, qui ont compris ce que Jean-Baptiste voulait dire. Ils attendaient le Messie. Le prophète leur annonçait qu’il allait venir bientôt. Sa parole était bue avec avidité. Bien sûr, les gens qui se pressaient auprès de lui ne réalisaient pas très bien comment ce Messie allait venir, mais il sentait que le monde dans lequel ils vivaient ne pouvait continuer d’aller comme il allait. N'en est-il pas de même aujourd'hui ?

Retenons donc que, dans ce moment d’attente, il nous est demandé de nous convertir, de changer notre cœur, de faire pénitence, dans l’attente de Celui qui vient. L’Avent est comme une sorte de carême avant la lettre. Comment pourrions-nous reconnaître Celui qui vient, si notre cœur est encombré ? Soyons dans la louange pour le don du baptême qui nous a été fait, et qui nous a fait renaître. Et que dans notre cœur, nous méditions toutes ces choses, avec amour, humilité, la louange aux lèvres et l’esprit tout à l’impatience de la venue du sauveur.

___________________________



Commentaire de Geneviève


« ...mais lui vous baptisera d’Esprit Saint. »



Qu’est-ce que ce baptême qui reste encore bien inconnu dans de nombreux territoires de l’Eglise actuelle - bien que ressorti des oubliettes notamment dans les communautés dites nouvelles. Mais qu’en est-il dans les paroisses ??? Et si je l’ai « reçu », qu’est-ce que j’en fais ???



Judith 16, 14« Que toutes tes créatures te servent,
Car tu as dit et elles ont existé,
Tu as envoyé ton esprit
Et il les a construites »



Voilà, Judith a tout dit. Quelque 200-300 ans avant Jean-Baptiste, avant Marc.
Tout le baptême dans l’Esprit est contenu dans les verbes : 5.
Une synthèse grandiose des Causes dans un raccourci au millimètre.


1. Que toutes tes créatures te servent

2. Car tu as dit

3. et elles ont existé

4. Tu as envoyé ton esprit
5. Et il les a construites.

Intention > le service de Dieu par tous
Sa Parole → notre existence
Envoi de son esprit, la troisième personne divine → notre construction
Le baptême dans (ou de) l’Esprit, que je peux demander à recevoir ou plus exactement dans lequel je peux demander à être plongé, quelles qu’en soient les modalités pratiques, met en action l’Adoration et la Contemplation = un travail qui me construit sans arrêt par le déploiement de leurs effets . Et par là il déborde en surabondance en construisant aussi bien la personne avec laquelle je suis en relation que les membres du groupe ou de la communauté dont je fais partie.

- L’Adoration: je reconnais que le Créateur est source de mon être. Je mets donc mon intelligence au service de l’amour et n’en fais pas le miroir d’elle-même en autocréation > sa Parole actue ma capacité d’être. Je suis toujours en acte. A l’intérieur du fait d’exister je vois ce qui demeure : nous sommes faits pour être enfants de Dieu. Dieu regarde la finalité. Il nous regarde de l’intérieur, voit notre désir. Jésus, ton dernier mot a été : j’ai soif ! Pour mettre en nous cette soif. Et la première chose que Dieu regarde en nous, c’est notre soif. Ce que tu veux, Jésus, c’est que notre cœur s’élargisse, que notre amour les uns envers les autres grandisse.
C’est là qu’intervient l’Effusion de ton Esprit = elle sort du dedans au dehors et non l’inverse sinon elle se tarit. Evacuer l’image d’un tonneau qui déverserait des ‘trucs’ bizarres sur nous au gré de caprices divins.
La caractéristique première de sa manifestation est la puissance.
Ainsi, « quand la terre était déserte et vide, (tohu bohu), le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Et Dieu dit : » >> une parole efficace = l’Esprit précède la parole et la rend efficace. La Parole est efficace car elle fait ce qu’elle dit.

- Contemplation ? La croissance repose sur l’esprit de service.
Comment ? Par les dons : les demander tous, les 7. Pas d’histoire de modestie. Et les exercer.
Et plus précisément par les charismes. Les charismes ? Non pas des choses que l’on possède : les uns en auraient, les autres pas ou juste un peu. Houlà ! Celui-ci a le charisme de guérison ? Non ! C’est le Seigneur qui guérit et parfois sans qu’il y ait une parole de connaissance, uniquement par une présence. Celui-là a le charisme de l’exhortation prophétique ? Houlala ! Qu’est-ce que c’est bien, tout ce monde qui suit... Quelle jalousie ! Quel orgueil en perspective ! Le contraire de la croissance. Les charismes qui participent à l’édification des personnes comme des groupes ou des communautés ne se planquent pas dans un sac. Un charisme n’existe que quand on l’exerce, juste le temps de l’exercice ni avant ni après, mais ce temps peut être à mon avis court ou long, selon l’occasion hic et nunc.

Deux exemples : ce peut être l’accomplissement d’un métier et durer des dizaines d’années. J’ai ainsi rencontré la semaine dernière une jeune fille de 16 ans en stage d’aide soignante dans une maison de retraite : à peine l’ai-je vue évoluer dans la salle à manger quelques minutes que j’ai pu lui dire ainsi qu’à sa mère : « j’ai rarement rencontré quelqu’un de si bien « fait » pour ce métier si difficile auquel elle se prépare. » Réponse souriante : " et bien je suis contente de ce que vous me dites. Cela confirme bien son choix. Figurez-vous qu’à l’âge de 7 ans, elle voulait déjà faire ce métier et qu’une mamie lui a dit la même chose : qu’elle était faite pour ça. " = Une adéquation qui se réalise dans un acte. Etre à l’aise, aimer ce qu’on fait. Avec une confirmation venant de l’extérieur. Elle a bien de la chance d’avoir reçu une telle assurance, si jeune.

En deux, simplement, parmi la multitude de témoignages venant de tout bord – car le baptême de l’Esprit ainsi que les dons et les charismes, ne sont pas réservés à une catégorie de gens mais ouverts à tous - voici le dernier exemple personnel en date d’hier « un texte inspiré ».
Si je me suis arrêtée tout de suite lors de ma méditation de cet évangile à l’expérience du « baptême dans l’esprit », autant la manière la plus sobre possible de l’expliciter s’éloignait chaque jour un peu plus, tant je voyais de ‘ choses ’ à dire à ce sujet et toutes également importantes et patati et patata : je me sentais intarissable sur le sujet mais par conséquent avec un résultat prévisible tout à fait indigeste. Alors je me suis tournée vers Dieu et lui ai simplement adressé cette prière de demande : Seigneur, tu sais que ce n’est pas mon genre habituel mais cette fois, voudrais-tu me donner une parole, juste une parole de toute la Bible, une toute petite, qui expliquerait l’essentiel de ce qu’est le baptême dans l’Esprit? Alors j’ai ouvert la Tob et mes yeux sont tombés sur la parole de Judith.
Juste un clin d’œil en passant – rien d’autre - qui m’a amusée. Je l’oublierai. Ma mémoire commence à partir au loin de toute façon.

Encore une précision en passant : pour la personne qui exerce un charisme, cela ne signifie pas en parallèle la manifestation d’une spiritualité plus ‘avancée’ que celle du lot dit commun, voire d’une sainteté extraordinaire – aucun rapport, si ce n’est celui de contribuer aussi au travail de sa marche vers une conversion toujours en route – comme tout un chacun.
Ce qui prime, c’est qu’il s’agit d’un exercice de l’Esprit et dans l’Esprit, en conformité avec l’Ecriture : C’est Dieu qui vient et nous avançons dans l’amour particulier envers chacune des Trois Personnes Divines, dans leur unité et leur distinction, et envers notre prochain. Surtout ne pas en faire un programme mais en avoir le cœur brûlant.

Etre l’acteur ou le récepteur d’un charisme, peu importe, le tout c’est d’accueillir la grâce qui nous visite, et d’avancer sur le Chemin à la suite de Jésus Ressuscité, « un homme parti en voyage » vers nous, « qui a laissé sa maison », « a confié à ses serviteurs » que nous sommes potentiellement, « l’autorité » , l’autorité de son Père qui fait grandir et ne massacre pas, « à chacun sa tâche » propre avec l’ordre de « veiller » , une veille de désir, un désir donné dans ce baptême.



Croître.Non pas grâce à un cours magistral, mais en faisant des T.P. ici et maintenant, le plus possible. C’est notre travail de veille.





Sinon la chrétienté s’étouffe car elle ne respire plus, elle n’a plus d’Air, elle maigrit, se ramollit, se rapetisse car elle se vide de sa vie, de la Vie.



Merci à l’auteur de Judith !


___________________________________






















Evangile du Dimanche 20 novembre



Matthieu 25, 31-46

Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous ses anges, alors il siégera sur son trône de gloire.
32 Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres.

33 Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche.
34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde.

35 Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger et vous m’avez recueilli ;

36 nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison et vous êtes venus à moi.


37 Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ?

38 Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ?

39 Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ?

40 Et le roi leur répondra : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !

41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.

42 Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire ;

43 j’étais un étranger et vous ne m’avez pas recueilli ; nu et vous ne m’avez pas vêtu ; malade ou en prison, et vous ne m’avez pas visité.

44 Alors eux aussi répondront : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou en prison, sans venir t’assister ?

45 Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait.

46 Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes à la vie éternelle.»


___________________________________


Commentaire de Philippe


Le Fils de l’homme, celui que les contemporains de Jésus ont connu, avec qui ils ont conversé, ou qu’ils ont condamné, ce Fils de l’homme est Roi. Du Royaume, il en a souvent parlé. Mais il n’a pas été écouté. Dans ce passage, Jésus rappelle qu’il est le Souverain, qu’il a reçu de son Père le pouvoir de juger les NATIONS et les PERSONNES, et celui de sanctionner leur conduite. Mais Jésus est aussi le Berger chargé de veiller sur le troupeau. Curieusement, le troupeau est présenté ici comme très hétérogène, puisqu’il est composé de brebis et de chèvres qu’il convient de séparer, après qu’elles ont cohabité tout au long du jour. Pourquoi faut-il séparer les brebis des chèvres ?

Dans certaines traductions de cette péricope, le mot chèvre est rendu par celui de bouc. Manifestement, Jésus oppose les brebis à ces chèvres. Les premières donnent vie aux agneaux, l’animal pascal des juifs, et Jésus lui-même est dit Agneau de Dieu ; les secondes sont des animaux chargés de malédiction, et la cérémonie du Bouc émissaire, est là pour nous rappeler la lourde charge symbolique qui pèse sur le mâle de cette espèce animale.



Ainsi, dès le début de son enseignement, Jésus distingue et oppose ceux des hommes qui se sont comportés comme des brebis, et ceux d’entre eux qui ont été des chèvres. On a tendance à croire que dans sa miséricorde, Dieu ne fait pas et ne fera pas de distinction entre les hommes. Or ce n’est pas ce que Jésus dit, et la parole de Jésus « ne passera pas ». Nous devons assumer la responsabilité de nos choix et de l’usage de notre liberté. Et nous ne pouvons pas échapper à leurs conséquences. C’est le prix de notre dignité.


Poursuivons. Il y a dans la Torah deux commandements essentiels : aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit, et un autre qui lui est équivalent : aimer son prochain comme soi-même. Dans ce passage, Jésus ne fait pas allusion à ces deux commandements, mais il les confond en un seul, celui de l’amour du frère dans la détresse, qui a faim, qui est nu, qui a soif, est emprisonné, à qui il s’identifie. Plus curieusement encore, Jésus loue ces brebis qui ont témoigné de la compassion pour l’autre sans avoir conscience que c’était le Fils de Dieu qu’elles servaient, aidaient, aimaient. Il y a là un enseignement très important pour nous : Jésus loue l’humanité de l’homme qui est compatissant, et il n’excuse pas l’ignorance et l’inhumanité de ceux qui ignorent dans la détresse du frère la détresse du Fils de l’homme.


Il y a dans l’Evangile au moins deux passages où l’humanité de l’homme est louée par Jésus ou soulignée par les évangélistes, et qui préfigurent les critères du jugement dernier : celui du centurion qui déclare n’être pas digne de recevoir Jésus chez lui, et celui de l’officier romain qui aux pieds de la croix déclare « vraiment celui-ci était le Fils de Dieu ». Tous les deux ignoraient la nature divine de Jésus, et la découvrent en le rencontrant dans un face-à-face plein d’attente ou dramatique. Tous deux sont des étrangers à la foi juive. Oui, ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur, Seigneur » qui honorent Dieu, mais bien ceux qui font, même sans le savoir, sa volonté. Voilà qui invite les chrétiens à beaucoup d’humilité. Cette qualité ne suffit pas au salut. Il y faut une foi vive, une charité active et une espérance inébranlable.


Seigneur donne-nous, donne-moi des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un cœur pour pleurer avec ceux qui souffrent.


_____________________________



Commentaire de Geneviève



Allons bon ! Voilà que notre Seigneur, pour nous parler de sa venue dans sa gloire, n’y va pas par quatre chemins ! Et à peine engagée dans le parcours, me voici entourée d’interrogations que je ne me suis jamais posées.

D’une part, il sera accompagné de tous ses anges et de l’autre toutes les nations seront rassemblées (païennes ou non d’ailleurs à mon avis), sans exception. Dans quel but ?
Tout le monde est là et présent. Et je commence par me demander : mais enfin Il est là, en chair et en os, et il parle de sa venue ??? Comment est-ce possible ?
Ensuite question rassemblement et unité, la première chose qu’il fait ce n’est pas de leur parler à tous mais de couper. Il ne divise pas le peuple, il sépare et seulement après il parle à chacun de chaque groupe. Un travail de berger ?
Mais au fait, à propos de berger : une question préalable qui me reste pour le moment sans réponse car je n’ai trouvé personne jusqu’à présent qui puisse me la donner : pas d’éleveur dans mon horizon montagnard pour me dire si effectivement un berger sépare les brebis d’avec les chèvres dans la gestion de ses troupeaux et dans ce cas, pourquoi ?
Et au final, Lui, le Fils de l’homme, envoyé par son Père pour nous ramener à Lui, envoie, au moment de leur mort, après comptage de leurs actions charitables envers les plus petits, les uns à la vie, les autres à la mort. En plus l’une et l’autre éternelle. De quoi avoir les chocottes durant toute sa vie à la perspective de passer au tribunal ou se détourner d’une Eglise qui annonce ce paiement tarifaire comme une Bonne Nouvelle... Comment est-ce possible de dire une chose pareille ? Une exigence qui aboutit à une telle violence me heurte tout de même, tant elle me semble éloignée de l’image qui s’installe de plus en plus aujourd’hui pour Le rendre recevable en quelque sorte, celle d’un Jésus toujours prêt à pardonner.
En plus, tout ça, expédié en quelques phrases et réceptionné comme un coup de massue : ça fait beaucoup à intégrer, comme on dit aujourd’hui.

Pourtant au fil de ma lecture je vois se dérouler en arrière-fond une vision d’espérance - que j’aime beaucoup - d’un prophète qui, 8 siècles auparavant, ‘remuait déjà le cocotier’ et éclaire les paroles présentes de Jésus : Michée.
« En ces jours-là – oracle du Seigneur – je rassemblerai ce qui boite, je réunirai ce qui est dispersé, ce que j’ai maltraité...Ecoutez, montagnes, le procès du Seigneur...On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, ce que le Seigneur exige de toi...t’appliquer à marcher avec ton Dieu... La voix du Seigneur appelle la ville – il sauvera ceux qui craignent son nom....A quel Dieu te comparer, toi qui ôtes le péché, toi qui passes sur les révoltes...De nouveau il nous manifestera sa miséricorde, il piétinera nos péchés. Tu jetteras toutes leurs fautes au fond de la mer... »


Ce Dieu-là, mon Dieu, où est-il, où êtes-vous dans cet évangile ?


Encore une question : celle je me suis tout de suite posée et qui me guidera tout du long se portera vers ces brebis, vers ces chèvres, à qui nous sommes plus que comparés : assimilés... Le moins que l’on puisse dire, c’est que les brebis s’en sortent mieux que les chèvres mais pourquoi ces pauvres chèvres subissent-elles une telle charge négative et sont-elles liquidées dans un néant définitif ? Qu’est-ce qu’elles ont bien pu faire faire ou qu’est-ce qu’elles ont de travers pour mériter un tel châtiment ?

Que penserait l’une de mes amies qui vient d’acquérir un petit troupeau de chèvres pour sa joie personnelle tant elle les aime ?
Personnellement moi aussi j’apprécie et les brebis et les chèvres, les deux – au point de ne pas les séparer en dégustant leur principale richesse : leur lait. Ainsi depuis des années, chaque matin, je me délecte de deux yaourts, l’un au lait de brebis, l’un au lait de chèvre. Franchement pensez-vous, ce n’est pas une base de commentaire biblique ‘digne’. Et pourtant si : c’est mon point de départ.
Il doit y avoir entre elles une différence fondamentale qui justifie la décision de Jésus sinon il n’agirait pas ainsi. Quelle est-elle ? De prime abord je ne la vois pas. Je dois la trouver car elle existe. Je vous avoue que, me glisser dans la peau d’un enquêteur tout azimut pour découvrir une telle raison - [NB. que maint exégète de base doit sans doute connaître depuis des lustres] - mais qui, pour moi, en ce début de lecture, est inconnue, me passionne. De toute manière, me dis-je, quel que soit le résultat, je continuerai à me réjouir tous les matins devant l’un des mets des plus délicieux de la création.
Alors je me suis livrée à une véritable exploration de la nature et de l’identité de chacune, de leurs caractéristiques respectives, aussi bien sous l’angle de leurs symboles dans différentes civilisations que celui de leurs traits physiques, mentaux et comportementaux, pour leur contribution ou non à l’équilibre humain – car bien que de la même famille, elles appartiennent à des espèces bien séparées.

- Un état des lieux rapide du symbolisme religieux et rituel des moutons et des boucs, donc des brebis et des chèvres, montre qu’il a commencé avec les premières religions déjà il y a 8000 ans : les variantes et variations de ‘leur image’ jusqu’au cœur de la Bible nécessiteraient une étude exhaustive digne d’une thèse de doctorat – un travail de recherche qui visiterait aussi bien l’Inde védique que les peuplades de Chine, les rites du dieu Odin chez les Germains que la tradition irlandaise. Par exemple, dans la mythologie grecque, la chèvre est même devenue une étoile et une constellation : en guise de remerciement pour l’avoir allaité enfant, Zeus l’honore en la plaçant dans le ciel, le Capricorne. Déjà des Romains puis des Syriens portaient un vêtement nommé cilicium, tissé de poil de chèvre, lors de la prière, pour exprimer leur union à la divinité - idem le port ascétique du cilice chez les chrétiens. La vertu sacrificielle des boucs, avec le processus d’identification qu’implique tout sacrifice d’une victime, apparaît aussi bien dans les fêtes de Dionysos que dans la Bible, par exemple dans le Lévitique : il y exprimera l’expiation des péchés, les impuretés d’Israël, pour finalement et par détournement du sens de la force vitale, la libido, devenir expression de la luxure et donc signe de malédiction, principalement dans notre Moyen Age.
Les brebis elles, connaissent également des traitements opposés, des polarités bénéfiques comme maléfiques selon des contrepoids variables dépendant de leur aire culturelle, de l’Orient à la Gaule ou à l’Afrique noire.
Devant cette chaîne symbolique quasi identique où chèvres et brebis sont associées à un mouvement qui les emporte, selon le cas, du divin au satanique, qu’en est-il de leur « état » dans l’explication que donne Jésus ?
D’abord Jésus les sépare : je ne peux que revoir l’acte créateur de la séparation des éléments pour qu’ils puissent exister → Et Dieu vit que cela était bon.
Brebis et chèvres sont par conséquent des créations « bonnes » au départ, à titre égal.
Alors que se passe-t-il ou que s’est-il passé pour que son Fils discerne et décide de placer les unes à droite, vers la vie et les autres à gauche, vers la mort ? Et que comme berger, il en porte la responsabilité ?

-Puisque le regard symbolique ne m’éclaire pas plus, je m’en vais du côté de l’aspect nutritionnel, pour apprendre que l’apport énergétique du lait de la brebis est quasiment le double de celui de la chèvre, idem pour la plupart des minéraux, des vitamines et des oligo-éléments.

-Mais cet argument ne me semble pas suffisant. Toujours pas plus d’éclaircissement : voyons alors leur caractère propre.Il est connu que les moutons aiment suivre un meneur ; de plus tout berger sait qu’avoir une nourriture en mains les attire et que les conduire ensuite est plus aisé.

Mais oui ! C’est ça !!! TILT : La chèvre de Monsieur Seguin ! Tout simplement :
* La brebis obéit à l’ordre du berger.
* La chèvre, quant à elle, suit sa propre volonté, elle suit ses impulsions. Plus intelligente paraît-il que la brebis, un QI en 2ème position , mais d’une intelligence que je qualifie de diabolique : elle fait ce qu’elle veut. " Que rien ne l'empêche de brouter à sa guise..." Des caprices ! Résultat: elle vit complètement à l’envers et ne suit qu’elle-même dans un tournoiement... mortel.
Toute la vie éternelle repose sur ce choix de liberté liée à ma responsabilité: ou je fais ce que je veux ou je suis la volonté de Dieu Trinité, qui veut mon bonheur et je le fais avec Lui, par Lui, pour Lui et en Lui et ou je le fais moi-même, avec moi-même, par moi-même, pour moi-même et à terme en moi-même jusqu’à étouffer ...et à en crever.
Merci à vous, Alphonse Daudet, pour cette découverte initiale...

Ce qui va me faire entrer plus pleinement encore dans tout le mystère de cet évangile ? Ce sera aussi un écrit mais d’un autre registre, extrait de la Lettre encyclique ‘‘Deus caritas est ’’ de Benoit XVI sur l’amour chrétien.« Cela fait partie des développements de l'amour vers des degrés plus élevés, vers ses purifications profondes, de l'amour qui cherche maintenant son caractère définitif, et cela en un double sens : dans le sens d’un caractère exclusif – «cette personne seulement» – et dans le sens d’un «pour toujours». L’amour comprend la totalité de l’existence dans toutes ses dimensions, y compris celle du temps. Il ne pourrait en être autrement, puisque sa promesse vise à faire du définitif : l’amour vise à l’éternité. Oui, l’amour est «extase», mais extase non pas dans le sens d’un moment d’ivresse, mais extase comme chemin, comme exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi, et précisément ainsi vers la découverte de soi-même, plus encore vers la découverte de Dieu ... Dans le «culte» lui-même, dans la communion eucharistique, sont contenus le fait d’être aimé et celui d’aimer les autres à son tour. Une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. Réciproquement, – comme nous devrons encore l’envisager plus en détail – le «commandement» de l’amour ne devient possible que parce qu’il n’est pas seulement une exigence: l’amour peut être «commandé» parce qu’il est d’abord donné.
Tandis que le concept de “prochain” se référait jusqu’alors essentiellement aux membres de la même nation et aux étrangers qui s’étaient établis dans la terre d’Israël, et donc à la communauté solidaire d’un pays et d’un peuple, cette limitation est désormais abolie. Celui qui a besoin de moi et que je peux aider, celui-là est mon prochain. Le concept de prochain est universalisé et reste cependant concret. Bien qu’il soit étendu à tous les hommes, il ne se réduit pas à l’expression d’un amour générique et abstrait, qui en lui-même engage peu, mais il requiert mon engagement concret ici et maintenant. Cela demeure une tâche de l’Église d’interpréter toujours de nouveau le lien entre éloignement et proximité pour la vie pratique de ses membres. Enfin, il convient particulièrement de rappeler ici la grande parabole du Jugement dernier(cf. Mt 25, 31-46), dans laquelle l’amour devient le critère pour la décision définitive concernant la valeur ou la non-valeur d’une vie humaine. Jésus s’identifie à ceux qui sont dans le besoin: les affamés, les assoiffés, les étrangers, ceux qui sont nus, les malades, les personnes qui sont en prison. «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).
L’amour de Dieu et l’amour du prochain se fondent l’un dans l’autre: dans le plus petit, nous rencontrons Jésus lui-même et en Jésus nous rencontrons Dieu. »


J’ajoute que l’identité du ‘petit’ n’obéit pas exclusivement à des critères de pauvretés visibles et repérables sociologiquement. D’ailleurs, depuis toujours je trouve que, souvent, ce sont les grands, les riches, les politiques, les puissants de tout bord, qui sont les plus petits et dans une situation de besoin voire de détresse. Or ils sont volontiers laissés de côté, méprisés, abandonnés, sous prétexte qu’ils trop riches extérieurement, qu’ils appartiennent à une caste plus élevée. Quelle erreur !
Nous sommes donc à nouveau dans une question de DON réciproque, dans une relation d’amour qui se passe au présent, dans mon présent aujourd’hui et pas du tout dans un futur qui n’existe pas et serait en plus totalement soumis à un passé qui n’existe plus. Et notre pasteur nous rend attentifs à la conséquence de cette relation de cause à effet, qui comprend la totalité de mon existence dans toutes ses dimensions y compris le temps.



Mon Dieu, jamais Tu ne lies de fardeaux sur mes épaules mais Tu m’invites toujours à avancer au grand large, à Te donner tout mon être, ainsi que l’ont découvert les saints et qui le sont devenus essentiellement pour cette raison, chacun dans son environnement et son époque.



Le chemin vers la sainteté, celui de la chèvre qui devient brebis, n’est-il pas ainsi accessible à tout un chacun? Quel itinéraire de croissance jusqu’à la dernière minute !


C’est ainsi que je suis aujourd’hui dans la vie éternelle : elle n’est pas devant moi ou après ma mort. Tout ce que je fais porte en soi l’éternité : les gestes les plus humbles comme les actes les plus percutants ne sont pas des pierres froides mais, donnés dans un rayonnement, ils jalonnent une vie éternelle qui se donne à vivre jour après jour dans mon quotidien souvent au ras des pâquerettes – car dans ces « pâquerettes », il y a réellement et toujours la vie de Pâques, celle de la Résurrection à laquelle nous sommes conviés en toute liberté, déjà tout au long de notre parcours terrestre. Mais, si, comme la chèvre je veux aller, "à ma guise", brouter une herbe qui me semble plus verte : c’est mon choix, c’est l’exercice de ma liberté que Dieu respecte - jusqu’au bout. Et le cœur en larmes – car il m’aime complètement. Mais la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de son Amour pour chaque personne, je crois que nous n’en avons pas idée. Michée, lui, l’a eue.
Et elle me paraît correspondre de plus en plus à l’appel et à l’attente de notre époque : une Miséricorde totale, reçue parce qu’expliquée > un travail de compréhension, d’appropriation d’une mise à jour suivi d’un ajustement de son comportement.


Vais-je être une chèvre ou une brebis?


Vais-je décider ou non d’entrer dans l’Apocalypse, dans le Royaume des Cieux auquel nous participons par héritage et qui est déjà maintenant parmi nous dans son Dévoilement chaque fois que l’un de nous donne la main à son frère en humanité ? Combien peuvent témoigner d’avoir déjà été « au Ciel » ici et maintenant ! Quel dynamisme une action fraternelle si minime d’apparence soit-elle envers celui qui m’est proche entraîne-telle dans nos existences ! Et par voie de rayonnement dans la croissance de la communauté ecclésiale dont je fais partie : chaque rencontre fait naître sans cesse l’Eglise : par mon geste, par ma parole, Jésus croise de nouveau quelqu’un sur son chemin... de Galilée. Quel que soit mon pays, il sera alors une nouvelle Galilée du XXIe siècle, le pays de l’Evangile vivant. Et la relation que j’ai établie sera un sacrement de vie.Notre lot : Petitesse ? Pauvreté ? Précarité ?« Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume... » Luc 12, 32


Seigneur, berger de toutes les nations,
tout simplement, que je sois une brebis - pas une chèvre,
que mon milieu d’appartenance chrétienne soit une brebis - pas une chèvre.
_______________________________





dimanche 16 octobre 2011

Evangile du Dimanche 6 novembre


Matthieu 25, 1-13

1 Alors il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l'époux.
2 Cinq d'entre elles étaient insensées et cinq étaient avisées.
3 En prenant leurs lampes, les filles insensées n'avaient pas emporté d'huile ;
4 les filles avisées, elles, avaient pris, avec leurs lampes, de l'huile dans des fioles.


5 Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.


6 Au milieu de la nuit, un cri retentit : « Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre. »


7 Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes.


8 Les insensées dirent aux avisées : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. »


9 Les avisées répondirent : « Certes pas, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous ! Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous. »


10 Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l'on ferma la porte.


11 Finalement, arrivent à leur tour les autres jeunes filles, qui disent : « Seigneur, seigneur, ouvre-nous ! »


12 Mais il répondit : « En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas.


13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure. »




______________________________


Commentaire de Philippe





Première réaction à la lecture de ce texte : il est bien dur cet époux qui refuse aux jeunes filles écervelées l’entrée de sa maison. Comment peut-il dire qu’il ne les connaît pas alors qu’avec les sages jeunes filles, sa famille les avaient aussi choisies comme les coryphées de la fête ? Toutes, sages ou imprévoyantes, elles avaient accepté de veiller une partie de la nuit, et fatiguées d’attendre, toutes s’étaient assoupies. Elles s’étaient toutes équipées de lampes à huile, et il y en avait de l’huile, puisque l’exclamation dépitée de celles que la tradition appelle aussi les vierges folles, indique que les lampes s’éteignent ou vont s’éteindre.

Où se cache donc la différence entre ces deux groupes ? C’est que les unes avaient une provision d’huile pour le cas où…, tandis que les autres n’en avaient pas assez. Notons que les sages ne sont pas très charitables, en apparence en tout cas, puisqu’elles refusent de partager leur réserve avec les imprévoyantes. Mais à regarder de près le texte, elles constatent justement que le partage n’aurait pas les conséquences attendues, puisque tout le cortège nuptial se trouverait démuni, et il ne serait plus possible de fêter dignement le retour de l’époux en éclairant ses pas. Les imprévoyantes, mesurant l’erreur qu’elles sont commise, vont s’empresser d’acheter de l’huile chez le marchand. Une telle démarche est bien curieuse. Quelle chance ont-elles d’en trouver au milieu de la nuit ? La quête risque d’être vaine, et il leur faudra attendre le lever du jour pour que le marchand soit à même de répondre à leur demande.

Autre curiosité. En général, à un mariage l’époux, l’épouse, et les amis sont réunis dans la salle de noce. Dans cette parabole, il n’est question que de l’époux, et de l’attente de son retour ; c’est qu’il s’est absenté. De plus l’attente se fait à l’extérieur de la demeure nuptiale, et dans un mouvement de joie et de désir. Il s’agit d’aller à la rencontre de l’époux. En réalité, les noces ont déjà eu lieu, sinon la parabole n’utiliserait pas ce terme. Alors la demeure est celle de la famille de l’époux.


Enfin, il faut remarquer que l’époux se fait attendre. A ce point du texte, autre curiosité. Les jeunes filles marchent à sa rencontre et il tarde à venir, comme si cette marche était sans mouvement. C’est du reste dans l’immobilité du sommeil qu’elle s’interrompt au milieu de la nuit, dans l’obscurité, puisque les lampes sont volontairement éteintes en attendant qu’arrive celui que tous désirent rencontrer, célébrer, féliciter. Et il vient à un moment inattendu de ce moment de ténèbres, à l’improviste en quelque sorte, se glissant dans l’épaisseur de l’attente.


Jésus veut nous dire quelque chose. « Vous ne savez pas quand je surgirai au milieu de la nuit. » Cette venue a une double dimension temporelle : celle du surgissement du Ressuscité dans l’éblouissant face-à-face qui suivra notre mort, celle de son retour glorieux à la fin des temps. Il est l’époux de l’Eglise, et l’absence apparente de l’épouse dans la Parabole souligne sa mystérieuse réalité, humano-divine : un pied dans l’histoire terrestre, un pied dans la salle ou le Vivant siège sur son trône de gloire. Les jeunes-filles (traduit souvent par "vierges") sont le symbole de l’innocence et de la pureté de vie. Mais il ne leur suffit pas de le signifier par leur appellation, il faut encore qu’elles le traduisent dans le concret des jours : l’huile des lampes, n’est-ce pas la louange, la prière, la foi en la miséricorde du Père manifestée aux hommes par Jésus ? Celui-ci ne dit-il pas : «La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Père "


Cette Parabole est une puissante invitation à demeurer dans l’amour de Jésus. Nous ne pouvons le faire sans le secours de l’Esprit Saint. Il nous est demandé aussi de rester dans l’attente paisible et confiante de notre Maître.




Alors nous pouvons dire : « Viens, seigneur Jésus ».


__________________________________





Commentaire de Geneviève




Au fur et à mesure de mon entrée dans cette parabole, j’ai été poussée à aller voir ce qui se passait avant et après cet enseignement, pour mieux approcher et de sa cause et de son but.
Son origine :
- « Car désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! 23, 38
- ...Les disciples s’avancèrent vers lui, à l’écart, et lui dirent : Dis-nous quand cela arrivera, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde. 24, 3
...Prenez garde que personne ne vous égare... Par suite de l’iniquité croissante, l’amour du grand nombre se refroidira ; mais celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. Cette bonne Nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier : tous les païens auront là un témoignage. Et alors viendra la fin. 24, 13-14
-Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir...24,42. Heureux le serviteur que le maître en arrivant trouvera en train de faire ce travail. 24, 46
Car à tout homme qui a, l’on donnera et il sera dans la surabondance...Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres du dehors. 25,30

Sa finalité :
Or, quand Jésus eut achevé toutes ses instructions, il dit à ses disciples : « Vous le savez dans deux jours ; c’est la Pâque : le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié... »26, 2


Nous voici à nouveau dans le don, le don réciproque, une affaire de NOCES. C’est bien simple. Pour qu’elles puissent se réaliser, tout réside dans LA PORTE de la salle des noces: ou bien la porte est ouverte ou bien elle est fermée.

Pour qu’elle soit ouverte et que l’acte nuptial puisse avoir lieu entre tous les hommes sans exception et Dieu = les Trois personnes divines, une préparation s’avère être la condition sine qua non : avoir toujours de l’huile dans sa lampe.
Des indications curieuses quant à sa raison d’être : cette lampe à huile n’est pas destinée à éclairer le chemin, à mieux voir dans la nuit, vu que les insensées, sommées d’aller en acheter à l’extérieur elles-mêmes, y voient très bien dans les ruelles sombres de la cité...
Et nous pouvons même dormir en attendant cette venue de l’Epoux – qui tarde – mais pas question même de dormir sans provision d’huile. Pas question non plus d’en solliciter auprès de ceux qui en ont une réserve : ce n’est plus l’heure de mendier car cette huile est personnelle.

Car il s’agit d’une rencontre d’Alliance: chacun, chacune est invité à aller à la rencontre de cet Autre, qui lui aussi vient vers chacun, chacune. Et cela ne peut se faire que dans l’huile de l’effusion de l’Esprit qui tressaille dans notre cœur et dans notre corps, à l’exemple de cette jeune fille, notre première grande sœur, Marie. L’esprit de Dieu a fondu sur elle comme pour Saül bien des siècles auparavant, lorsque Samuel prit la fiole d’huile, la lui versa sur la tête... « Alors fondra sur toi l’esprit du Seigneur... et fais tout ce que tu trouveras à faire car Dieu est avec toi. » 1 Samuel 10
Alors la question que je me pose est : qu’en est-il de la situation de ma fiole d’huile personnelle?
Une comparaison bien simple: une voiture ne peut avancer sans essence. Ainsi je ne peux avancer sans « huile » c’est-à -dire sans l’exercice régulier de mes dons que j’ai pu apprendre à connaître ou de ceux que je n’ai pas beaucoup ou pas du tout et que je demande dans une prière commune pour un meilleur travail dans la Vigne.
Le fonctionnement d’une lampe à huile reposant sur le principe de capillarité qui lui permet de monter à l'intérieur de la mèche, l'explication physique de ce phénomène est donc celui du principe des vases communicants = encore un don réciproque qui, non seulement participera, avec d’autres moyens, tels les sacrements, à ma croissance spirituelle. Et, à terme, à sortir à la rencontre de l’époux, à être prête pour entrer avec lui dans la salle de noces - dont la porte se fermera, je l'espère.




Avec, je l’espère aussi, ces mots : " je te connais "
Seigneur, ce sera ma prière pour aujourd'hui.



_______________________________



dimanche 2 octobre 2011

Evangile du Dimanche 16 octobre


Matthieu 22, 15 - 21

15 Alors les Pharisiens allèrent tenir conseil afin de le prendre au piège en le faisant parler.

16 Ils lui envoient leurs disciples, avec les Hérodiens, pour lui dire :
« Maître, nous savons que tu es franc et que tu enseignes les chemins de Dieu en toute vérité, sans te laisser influencer par qui que ce soit, car tu ne tiens pas compte de la condition des gens.
17 Dis-nous donc ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer le tribut à César ? »

18 Mais Jésus, s'apercevant de leur malice, dit : «Hypocrites ! Pourquoi me tendez-vous un piège ?
19 Montrez-moi la monnaie qui sert à payer le tribut.» Ils lui présentèrent une pièce d'argent.

20 Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »

21 Ils répondent : « De César.» Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »


Commentaire de Philippe


Je trouve ce récit fascinant. Il met en relief la présence d’esprit, l’intelligence supérieure, et l’humour de Jésus dans son humanité. Voilà donc des interlocuteurs qui s’avancent vers lui comme masqués, en catimini, pourrait-on dire, comme d’humbles disciples en quête d’un enseignement nourrissant pour leur vie. Il faut noter que les pharisiens ont cru bon d’associer à leur tentative des hérodiens, des gens qui, de près ou de loin, parce qu’ils soutiennent HERODE, sont des alliés secrets du Romain, le Romain détesté. Voilà déjà un curieux mélange de mauvaise foi, de cautèle et d’esprit tordu. En se mettant à plusieurs, on a plus de chances de le coincer, ce Jésus, doivent se dire tous ces braves gens. Et il a fallu tenir conseil, délibérer, avant de prendre cette difficile décision. Il s’agit de prendre au piège de ses propres paroles cet empêcheur de tourner en rond. La scène est plantée.


Le deuxième temps de la manœuvre est sidérant de duplicité. On caresse Jésus dans le sens du poil : il est franc, Jésus, il dit la vérité sans se laisser influencer, il ne fait pas acception des personnes. On va donc voir ce qu’on va voir : c’est au nom de la vérité qu’ils commettent cet action de mensonge ; c’est que la vérité, ils ne peuvent la regarder en face, mais ils sont décidés à s’en servir contre Celui qu’ils veulent perdre. Et voilà qu’ils vont poser à Jésus une question non pas religieuse, mais politique ou politico-religieuse : faut-il payer le tribut à un païen, un idolâtre, un tyran qui opprime le peuple élu ? Si c’est oui, les hérodiens seront confondus, mais les pharisiens pourront traîner Jésus devant le sanhédrin et l’inculper de blasphème, d’apostasie, de toutes sortes de déviances religieuses ; si c’est non, les pharisiens seront contents, car ils feront reposer sur la tête des hérodiens l’accusation de sédition et de rébellion qui ne manquera pas d’être porté contre Jésus auprès des Romains par l’intermédiaire d’HERODE qui tient son pouvoir de leur bon vouloir. Piège apparemment imparable.



Troisième temps : celui de la manœuvre retournée contre leurs instigateurs. Notons que la réaction de Jésus est immédiate : (a) il voit tout de suite le piège, ne se prive pas de le dire à ses interlocuteurs et de dénoncer leur hypocrisie ; (b) il trouve immédiatement la parade, et réduit les captieux a quia. Et, chose extraordinaire, il affirme la séparation des deux ordres, celui du politique et celui de la foi, ainsi que la légitimité du premier. Et ça en trois phrases, d’une concision, d’une précision, d’une pertinence éblouissantes.


C’est que la Parole de Dieu est tranchante comme une épée à deux tranchants.


Que le Seigneur nous donne d’être toujours aussi clairs dans nos opinions et nos affirmations sur sa divinité, nous donne la force de témoigner, et fasse que notre oui soit un oui et notre non, un non.



Commentaire de Geneviève



" Commencement de la création par Dieu du ciel et de la terre...et Dieu dit : “ Que la lumière soit ! ” Et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne.
Dieu sépara la lumière ║ de la ténèbre. Dieu appela la lumière “ jour ” et la ténèbre il l’appela “ nuit ”... Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament ║ d’avec les eaux supérieures... Dieu dit : “ Que les eaux inférieures au ciel s’amassent en un seul lieu et que le continent paraisse ! ” Il en fut ainsi. Dieu appela “ terre ” le continent ; il appela “ mer ” l’amas des eaux.
Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : “ Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour ║ de la nuit, qu’il servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années et qu’ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre. ” Il en fut ainsi...
Dieu vit que cela était bon. »

Séparation > Dieu voit que cela est bon.Voilà l’impulsion que Jésus, qui est venu pour faire la volonté de Dieu, nous invite à suivre.

Ni confusion, ni oscillation, ni déséquilibre, ni préférence, ni opposition mais unité dans la distinction et la différence des natures et des identités particulières. Jésus nous accompagne pour que nous allions toujours plus loin, que nous ne demeurions pas coincés, en voie d’étouffement dans une crevasse fabriquée de mains d’hommes.

Nous restons toujours dans l’espace du DON > Je ne peux rendre, restituer, redonner à quelqu’un que ce qu’il m’a donné en premier. Qu’il s’agisse de César (l’Etat à mon sens) ou de Dieu. Deux démarches de ‘Re-Don’ parallèles, concomitantes : elles ne s’excluent pas mais sont, toutes les deux et ensemble, « appelées » par Dieu à se réaliser.
Lieu de rencontre de deux espaces : celui de César, celui de Dieu .

* D’où le seul questionnement à se poser :
1. Qu’est-ce que César m’a donné et continue de me donner ? = Ce que j’ai à lui rendre.
→ Qu’est-ce que je lui rends ?

2. Qu’est-ce que Dieu m’a donné et continue de me donner ? = Ce que j’ai à lui rendre.
→ Qu’est-ce que je lui rends ?

* D’où la seule Espérance : non pas liquider l’un pour que l’autre vive, mais, avec les difficultés ou l’érosion apparente actuelle et de l’un et de l’autre,




« Rendez donc
à César ce qui est à César,

et
à Dieu ce qui est à Dieu. »




« porter un vêtement de noce ».

_________________________________________

mardi 30 août 2011

Evangile du DIMANCHE 2 octobre


Matthieu 21, 33-43


33 « Ecoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage.
34 Quand le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recevoir les fruits qui lui revenaient.
35 Mais les vignerons saisirent ces serviteurs ; l'un, ils le rouèrent de coups ; un autre, ils le tuèrent ; un autre ils le lapidèrent.
36 Il envoya encore d'autres serviteurs, plus nombreux que les premiers ; ils les traitèrent de même.
37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : "Ils respecteront mon fils."38 Mais les vignerons, voyant le fils, se dirent entre eux : "C'est l'héritier. Venez ! Tuons-le et emparons-nous de l'héritage."39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
40 « Eh bien ! Lorsque viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ?»41 Ils lui répondirent : «Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera la vigne en fermage à d'autres vignerons, qui lui remettront les fruits en temps voulu.»42 Jésus leur dit : «N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c'est là l'œuvre du Seigneur : Quelle merveille à nos yeux ?43 Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.»

_________________________________

Commentaire de Philippe

                Voilà une bien curieuse vigne ! Une tour ? Un pressoir ? Mais d’habitude, on presse le raisin dans des bâtiments spéciaux et on le conserve dans des barriques ou, dans le cas présent dans des jarres de terre, bien au frais. Une tour pour quoi faire ? Pour surveiller la survenue des pillards ? Empêcher les grappilleurs de saccager les plus beaux ceps ? Sans doute tout cela.
C’est que la vigne représente Israël, un peuple choisi par Dieu, protégé par Lui, entouré de soins, enseigné par les événements de l’histoire (la sortie d’Egypte, la conquête de Canaan, la prise de Jérusalem par le Roi Nabuchodonosor, la déportation à Babylone, le retour d’exil après l’édit de Cyrus, etc.). En plus de ces événements, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’a cessé d’envoyer en Israël des prophètes pour appeler le peuple et ses dirigeants (des rois impies souvent) à la conversion. Rien n’y a fait. Ce "peuple à la nuque raide" a persisté dans ses erreurs et n’a pas vu venir l’accomplissement des temps (la venue de Jésus). Il n’avait cessé au cours de sa longue histoire de persécuter les vrais prophètes, ceux que Dieu avait chargés soigner sa vigne par leurs exhortations, leurs enseignements, leurs actes et leur vie. On les a moqués ; certains, tel Jérémie, ont été persécutés, et d’autres ont été tués. L’injuste traitement qui leur avait été réservé préfigurait celui qui serait infligé à Jésus en la personne de qui se résumeraient les moqueries (le manteau rouge dérisoire et le sceptre de roseau), les mauvais traitements (la flagellation et le portement de croix) et finalement la mort sur la croix.
Cette parabole est donc une prophétie de Jésus qui annonce sa Passion. Lui, le Fils bien-aimé, venu pour sauver le monde et non le condamner, voilà comment on va le traiter ! Et ce sont les persécuteurs eux-mêmes qui se condamnent puisqu’ils déclarent, en aveugle qu’ils sont, que les vignerons homicides méritent la mort, et la dépossession du bien que Dieu leur avait remis en fermage. Encore une prophétie de Jésus : la Bonne Nouvelle n’est pas réservée, n’est plus réservée au peuple élu, elle est pour tous les hommes.
Les fruits de la vigne, les beaux raisins, c’est le salut, c’est la vie éternelle et la vie éternelle c’est de connaître le Père auquel il n’est possible d’accéder qu’à travers Jésus. C’est aussi la vie dans l’amour du prochain. C’est le Royaume. Il ne faut pas se tromper, d’ailleurs. Le Royaume est déjà-là. Il y a du concret dans cette image. Ceux qui en goûtent possèdent déjà ce qu’ils espèrent.
Parabole terrible dans sa violence, résumé imagé de l’histoire de l’humanité ! Que le Seigneur nous garde de la tentation de céder à la bonne conscience : les fruits de la vigne c’est l’amour de Dieu et l’amour du prochain, en qui se résument les deux commandements que Jésus déclare semblable : tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de tout esprit et de toute ton âme ; tu aimeras ton, prochain comme toi-même.
Seigneur, donne-nous un coeur nouveau pour accueillir ta parole de vie.




Commentaire de Geneviève


Encore une fois j’ai pu expérimenter cette semaine combien la Parole de Dieu vit dans notre présent, est active dans notre ordinaire. Je découvre vraiment à quel point recevoir un Evangile chez soi conduit à une aventure personnelle en quelque sorte parallèle que je me fais une joie de vous partager.

Mais commençons par le point de départ : nous sommes toujours dans le Temple. Jésus est dans sa Maison, celle de son Père. Il s’adresse aux chefs des prêtres et aux pharisiens. Des ‘sans nom’. Des maîtres de ce judaïsme qui trouve sa respiration dans deux poumons, la Loi (= la parole de Moïse) et l’exercice du culte – au Temple.

* J’avais l’intention d’évoquer le pourquoi du choix de Jésus, dans son souci constant d’enseigner non seulement ses disciples mais tous ceux qu’il approche ou qui l’approchent, de leur parler une nouvelle fois en parabole. En bon pédagogue, il sait que n’importe quel argumentaire rebondira sur ces plaques d’acier étincelant sans pénétrer ni le cœur ni l’intelligence mais que l’image, elle, a ce pouvoir naturel de s’infiltrer entre les boucliers pour toucher la personne. Mais y parviendra-t-il ?

*J’avais l’intention de ne pas aller plus loin que la description de cette vigne et de mon interprétation - tant elle m’a choquée dès la porte d’entrée dans cette autre parabole : un portrait si fermé. Un vignoble enfermé comme cela : existe-t-il quelque part des vignobles barricadés de la sorte ? Pour ma part je n’en ai jamais vu : ni sur les pentes dorées alsaciennes ni ailleurs. Ca commençait bien … Revenait à ma mémoire le souvenir de visites avec mes élèves ou d’autres jeunes que j’ai pu accompagner maintes fois dans un autre domaine, appartenant à un autre propriétaire mais un camp…de concentration, celui du Struthof. Un autre univers clos sans liberté ni dans la vie ni dans la mort. Surgissaient ces images d’autres clôtures mais en barbelés blessants, d’autres tours de garde mais des miradors, d’autres pressoirs mais qui partaient en fumée…

*J’avais l’intention de m’arrêter devant ce face à face terrible entre un collectif d’anonymes et un homme qui dit être le Fils de Dieu. Devant ce combat entre un groupe indistinct qui avance, l’épée au poing mais sous des boucliers, semblable à cette fameuse tortue romaine et un homme seul qui n’a à la main que la Miséricorde. Devant Jésus qui poursuit le combat de Josué contre toutes les forces du même Ennemi qui veut toujours détruire la Terre Promise, cette fois la Terre promise à tous les hommes, à tous les peuples : le Royaume de Dieu ou le Royaume des cieux. Un mode de vie et de pensée - non une terre fermée, clôturée avec des gardiens et dirigée par des chefs –appelés rois et grand-prêtres.

* J’avais l’intention d’insister sur cette violence dans laquelle nous sommes plongés : une gradation marquée trois pas, trois échecs et le quatrième, hors parabole, un échec réel exprimé dans la soi-disant parole d’un ‘on’.
Meurtres, vengeances, un climat mortifère permanent. Les protagonistes deviennent interchangeables et se transforment en doubles symétriques. Je voulais approfondir l’effet de miroir dans cette « violence mimétique ». Je voulais encourager à ce titre la lecture ou la relecture de René Girard pour mieux comprendre le système de raisonnement de ces vignerons et ainsi sortir de cette spirale étouffante du début à la fin – qui me guette aussi au premier tournant .

Et pourtant, écoutons avec eux cette parabole en tension extrême vers sa finalité :

« Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné
à un peuple qui en produira les fruits. »


* Dans mon cheminement à travers cet évangile, j’ai eu alors l’intention d’accomplir un nouveau voyage dans le monde des fruits.
Quoi de plus agréable qu’une promenade en votre compagnie au milieu des graines et des fruits ? Aventure des plantes qui voyagent et peuvent s’arrêter ou là ou là… Grâce à qui ? …Plantes voyageuses, graines et fruits qui inventent mille et une ruses et savantes techniques pour se déplacer… Comment ?
Grâce à qui ?
Tout ça parce que, quand j’ai vu le mot « fruit », je me suis dit : mais enfin les fruits ne viennent pas tout seuls sur les branches… Et j’ai vu une abeille. Une merveille de la nature. Une pollinisatrice des plus efficaces [même l’abeille solitaire…] Sans elle nous ne pourrions déguster ni cerises, ni châtaignes, ni fraises, ni groseilles, ni pêches, ni raisins et ni tant d’autres légumes !

En plus ces petits insectes partagent leur travail avec une quantité innombrable d’êtres qui permettent aux fruits tout simplement d’exister : animaux, oiseaux, même la chauve-souris… sans oublier le vent et l’eau.
La survie ou l’évolution de presque toutes les espèces végétales dépendent directement de la pollinisation. Phénomène fascinant ! Aujourd’hui on dirait : une mutualisation de services. Je voulais démontrer combien le nombre et la variété des pollinisateurs influent sur la biodiversité et inversement. Et quel drame que leur régression sur toute notre planète…

Mais enfin, un topo de botanique : quel est le sens de cette digression ? Quel rapport avec notre évangile, vous demandez-vous peut-être en fronçant les sourcils ?
Parce que de cela on n’en parle pas texto dans l’Evangile. C’est bien beau de dire tout le temps : portez du fruit ou produisez le fruit du Royaume des cieux sinon pas de Royaume ! Encore faut-il le pouvoir et ce que j’ai découvert cette fois c’est qu’on ne peut pas porter ou produire du fruit seul. Au préalable un transport de pollen est nécessaire pour permettre la fécondation. Sans doute qu’à l’époque on ne le savait pas bien ou que moi-même j’étais complètement ignare – mais enfin je n’avais pas fait – jusqu’à aujourd’hui le rapprochement entre une donnée scientifiquement prouvée et cet appel évangélique. Comme quoi !

J’aurais pu raconter aussi plein d’histoires de naissances de fruits, pour bien réaliser que c’est une affaire de sexualité – qu’au sens propre, le fruit est un organe contenant les graines provenant généralement de l’ovaire de la fleur.

Et mon questionnement aurait été :

→ Et si nous étions appelés d’abord à être des pollinisateurs ?

Et si la nouvelle évangélisation ne pouvait se réaliser que
par pollinisation ?



♀♂♀♂♀♂♀♂♀♂♀♂



Bref, j’en étais là de mes diverses intentions de méditation : que de chemins à prendre ! Lequel choisir ? Dans quelle direction aller ? Pour le coup, je ne voyais plus rien du tout. Le brouillard. Je ne voyais pas bien une unité sortir de tout cela. Et les jours passent. Quel bazar d’ « idées »!
J’ai alors frappé à la porte comme notre Seigneur nous l’a recommandé (Luc 11,9)

« Frappez, la porte vous sera ouverte »


Et une porte s’est ouverte : une nouvelle, totalement inattendue aussi bien dans ses conditions externes de parachutage que par sa forme intérieure.

Un fruit - tel une noix de coco me serait-il tombé sur la tête ?
Non, je n’ai pas été assommée mais une demi-seconde je suis tout de même restée immobile.
Car une voix a traversé les millénaires. Elle est remontée à la surface presque silencieuse, un souffle doux, un murmure joyeux >> elle sera la seule ligne unifiante que je cherchais pour mon commentaire d’au-jour-d’hui.

C’était mercredi dernier vers 20h.

Sur le panneau de l’Eglise de Balaruc, j’avais lu que ce jour-là, c’était la saint Matthieu : heureux hasard, me suis-je dit en mon for intérieur. Pour sa fête, je vais lui demander un cadeau : m’en sortir de cette panne technique devant cet évangile, le sien. A l’aube, chose fut faite. Cette demande s’était quasiment envolée durant la journée. Je l’avais déposée. Je n’y pensais plus.

Le soir je rejoignis le Groupe de prière qui se rassemble chaque mercredi depuis 20 ans et auquel s’adjoignent des curistes. Un bout de chemin de trois semaines ensemble chaque année. Fidèlement.


Une alternance de modes de prière faisait que ce soir-là était orienté essentiellement vers le partage de la Parole. Après un temps de chants et d’invocations constituant la préparation et l’ouverture à l’écoute de la Parole qui allait être donnée aux membres du groupe, la bergère proposa donc à quelques-uns d’ouvrir leur Bible et de prendre connaissance du passage qui viendrait sous leurs yeux. Je n’en faisais pas partie et je reconnais avoir éprouvé sur l’instant comme un regret de ne pas avoir cette occasion de « réceptionner » « directement » un passage qui me rejoindrait personnellement certainement mieux. Bref j’étais dans une situation complètement à l’envers. Puis, je me suis dit : tant pis ! Ca ne fait rien ! De toute façon c’est le Seigneur qui parle à travers mes frères et sœurs.

Suivi un temps de discernement ultra rapide entre ces personnes pour choisir parmi les passages relevés celui qui exprimerait la Parole que Dieu donne à tous et à chacun.


[= Un exemple du processus de pollinisation, ici le transport ciblé d’un grain de pollen qui en a parcouru du temps pour s’implanter au cœur de ce petit groupe de chrétiens dans une petite salle à l’étage d’une petite chapelle Ste Thérèse dominant l’étang de Thau…]



Et j’entendis alors la petite voix tranquille de la bergère s’élever.

« Nous avons discerné très vite. Faisons silence et recevons maintenant la Parole que Dieu nous donne :



Isaïe 27, 2 à 5




Ce jour-là, la vigne délicieuse, chantez-la !

Moi, Yahvé, j’en suis le gardien,

De temps en temps je l’irrigue,

pour qu’on ne lui fasse pas de mal,

nuit et jour je la garde.


Je ne suis plus en colère.

Qui va me réduire en ronces et en épines !


Dans la guerre, je la foulerai, je la brûlerai

en même temps.

Ou bien que l’on fasse appel à ma protection,


Que l’on fasse la paix avec moi,

la paix, qu'on la fasse avec moi.

___________________________________________

lundi 22 août 2011

Evangile du DIMANCHE 18 septembre


Matthieu 20, 1 – 16

1 « le Royaume des cieux est comparable, en effet, à un maître de maison qui sortit de grand matin, afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.
2 Il convint avec les ouvriers d’une pièce d’argent pour la journée et les envoya à sa vigne.
3 Sorti vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient sur la place, sans travail,
4 et il leur dit : « Allez vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. »
5 Ils y allèrent. Sorti de nouveau vers la sixième heure, puis vers la neuvième, il fit de même.
6 Vers la onzième heure, il sortit encore, en trouva d’autres qui se tenaient là et leur dit : « Pourquoi êtes-vous restés là tout le jour, sans travail ? »
7 « C’est que, lui disent-ils, personne ne nous a embauchés. » Il leur dit : « Allez, vous aussi, à ma vigne.»
8 Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Appelle les ouvriers, et remets à chacun son salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers. »
9 Ceux de la onzième heure vinrent donc et reçurent chacun une pièce d’argent.
10 Les premiers, venant à leur tour, pensèrent qu’ils allaient recevoir davantage ; mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’argent.
11 En la recevant, ils murmuraient contre le maître de maison.
12 « Ces derniers venus, disaient-ils, n’ont travaillé qu’une heure, et tu les traites comme nous, qui avons supporté le poids du jour et la grosse chaleur. »
13 Mais il répliqua à l’un d’eux : " Mon ami, je ne te fais pas de tort ; n’es-tu pas convenu avec moi d’une pièce d’argent ?
14 Emporte ce qui est à toi et va-t-en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi: n'ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien?
15 Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que moi, je suis bon?
16 Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers."
____________________________

Commentaire de Geneviève

« Allez vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste. »

Heureusement qu’il y a cette promesse ! Sinon au départ, j’aurais planté là cet Evangile qui nous chamboule tout : les horaires (vous avez déjà vu des vignerons commencer leur vendange à la tombée de la nuit ?), les comptes (idem pour tout le monde !), les priorités et les prioritaires (complètement à l’envers et pas « justes » du tout !), et l’ensemble dans une atmosphère de marchandage qui s’apparente trop à nombre de relations actuelles fondées sur la notion de salaire, sur l’argent... Quelle déception !

Je sais que Dieu est le Tout Autre mais tout de même ! Bref, il m’a semblé qu’il n’y avait que Matthieu qui était heureux dans cette histoire : lui, il a tout compris, lui, qui, un jour, a Tout compris alors qu’il était tranquillement assis dans son bureau de péage, en un éclair d’intelligence et de cœur : Quelqu’un qui passait l’a appelé, alors il s’est levé et L’a suivi. Tout simplement. Tout de suite. Sans conditions. Parce que cet appel l’a mis debout : il n’était plus assis dans des chiffres, il n’était plus un numéro dans les registres anonymes de l’Occupant. Cet Appel l’a rendu Sujet. Il est devenu apôtre.

De formation grecque, il percevait à la fois les droits de douane, d'octroi et de péage, des taxes sur toutes sortes de marchandises, par exemple sur ceux qui ont pêché du poisson. Receveur des tributs pour les Romains, c'est-à-dire "publicain", une profession méprisée par les juifs qui ne suscitait que peur et impopularité, il en recevait un salaire. Et voilà qu’aujourd’hui, il jubile en entendant son nouveau Maître parler de salaire : s’il y a cette fois quelqu’un qui s’y connaît en comptabilité, c’est lui, Matthieu. Les sous à compter et à recompter, les vérifications des versements, la connaissance de ce qui est financièrement juste, c’est toujours son rayon. 50 ans plus tard, l’évangéliste Matthieu, lui, a d’autres soucis : il nous parle des diverses préoccupations qui sont celles d’une communauté installée en Syrie, des débuts d’une organisation avec des gens pour le moins divers. C’est peut-être la raison pour laquelle il met en relief l’expérience professionnelle de l’apôtre Matthieu qu’il réactive en quelque sorte par l’emploi répété du mot grec misthos : sur les 28 versets bibliques contenant, 9 sont de lui, plus du tiers.

Après ce premier petit devoir de lecture fait, la route commencera à être balisée…

Enfin, c’est ce que je croyais. Car patatras ! Je vois surgir ces deux expressions comme autant d’écueils : ce fameux salaire et l’affaire des premiers qui seront derniers et inversement. Comment se fait-il que Matthieu soit si heureux d’en parler, avec tant de détails ?


« Le salaire » ?
-Définition :
1. dû payé pour un travail : a. salaire, gages

2. récompense: utilisé pour le fruit qui résulte naturellement d'un dur travail et de l'effort

a. dans les deux sens de récompenses et châtiments
b. des récompenses que Dieu accorde, ou accordera, aux bonnes actions ou efforts
c. de punitions: le salaire du crime, de l'iniquité

-Comment accueillir ce mot ?


≠ Un salaire ? Un dû en échange d’un travail ? J’en ai eu. Je n’en ai plus. Je savais ce que c’était. Maintenant je reçois une pension. Evidemment me direz-vous, il s’agit d’une forme de rétribution d’un travail passé. N’empêche ! Un travail mais passé. Et surtout que ce terme est inconnu ou l’est devenu pour des masses de gens, à n’importe quel âge, pour cause de misère ou de chômage.

≠ Une récompense ? Evidemment, ajouterez-vous, ce n’est pas le sens propre, c’est « la récompense » pour tout travail dans la Vigne, l’ Eglise ; en résumé : l’évangélisation et par tous les temps. N’empêche ! Comme ce mot de récompense est piégé et piégeux! Je ne m’aventurerai pas plus dans des dédales psychanalytiques.

≠ Et la gratuité ? Je croyais que de notre côté l’acte du don de sa vie, de sa personne toute entière était l’objet d’un choix libre et gratuit, sans recherche d’une compensation de quelque nature que ce soit, une mise à disposition totale. Comme Matthieu : il se lève et il suit – sans demander ce qu’il aura à faire et quelle sera sa paye.


« Ainsi les derniers seront premiers et les premiers seront derniers.»


Me viennent aussitôt en opposition deux réalités sociétales qui corroborent cette perspective d’abord envisagée sous l’angle chronologique puis qualitatif et au final peu réjouissante :


Les personnes dites âgées - à défaut de trouver pour le moment une meilleure qualification - leur place et le regard porté sur elles en Occident principalement, aussi bien dans nos sociétés civiles que dans l’Eglise : au vu du «léger» mépris manifesté envers les têtes grises (qui le ressentent bien, croyez-moi..), ce chantier des multiples visages du vieillissement se devrait de traverser toute l’Eglise et pas seulement affleurer ponctuellement par quelques interventions de ci de là. Car, connaissez-vous la nouvelle expression qui devrait donner à réfléchir dans tous les secteurs ? Ces têtes grisonnantes de ces « nouveaux » vieux qui comptent souvent pour du beurre sont, en vérité, de l’OR et pas uniquement de « l’or gris ». Qu’on se le dise… dans les chaumières de l’Elysée, de la Cour des Droits de l’Homme qui va entrer dans le Conseil de l’Europe en pleine restructuration, de la Conférence des Evêques. Ah bon ! Les premiers sont les derniers et les derniers les premiers : vraiment difficile à entendre…En plus cette appréciation que j’entends: l’Eglise de France a des problèmes plus importants…et quel pourcentage de cathos par rapport à d’autres pays… et puis vous savez… les vieux… Une Eglise de vieux… Ah bon ! Les premiers deviendront vraiment les derniers. Leur fidélité ? Le témoignage de leur capacité à évangéliser ? Leur vie intérieure et spirituelle ‘qui n’a pas d’âge’ ? La vie jusqu’au bout ?

 Et j’ai vu également aussitôt les continents : parmi les évangélisés des premières heures, l’Europe, la Fille aînée de l’Eglise qui n’en avait déjà plus que le titre quand un appel lui a été lancé. Et les derniers nés. 0n nous le répète, la France c’est 0,5% ou 1%- je ne sais plus- de catholiques dans le monde alors ???? Vive donc le Brésil, l’Afrique, car, nous pauvres Français, faut se faire à l’idée que le pôle d’attractivité est déjà Rio. Difficile à avaler quand on est bien dans son pays, dans sa belle et grande histoire religieuse, de plus tombée dans la marmite de l’Eglise dès la naissance, de se dire : déjà que, vu mon âge (pire encore : selon les estimations j’en ai pour une soixantaine d’années à être considérée comme « vieille »), maintenant je ne compte plus personnellement, sauf exception, que pour du beurre ! Il faut ajouter à cela que, membre de la Communauté chrétienne française : allez ! J’entends en résumé ceci : vous avez du passé mais vous ne faites plus recette…Intégrer, accepter cette révolution du regard : accueillir les petits derniers ou les avant derniers de l’évangélisation comme les premiers d’aujourd’hui. Cela me rappelle quand même le contexte de Matthieu (NB. je n’ai pas perdu le fil) : finalement sous cet angle aussi, nous vivons une situation un peu semblable à celle des premières étapes de construction d’un vivre ensemble chrétien, quels que soient la date, le lieu, l’incarnation de l’appel.
Choc pour les chrétiens d'origine juive de voir des pécheurs et des païens appelés comme eux dans la communauté des chrétiens. Je n’en suis certes pas à éprouver des ressentiments devant cette montée de la foi dans tel continent mais n’empêche… Mais choc devant une préférence qui affleure ça et là. Les yeux ne se tournent vers la France que pour dire : ‘ bof ! 0,5% ! D’accord les vieux faut s’en occuper mais y a des questions bien plus importantes…’ Et nous voilà repartis dans la recherche de recettes, cette fois les bonnes pour ramasser du monde. Faire du chiffre : cela reste une préoccupation permanente dans encore trop de têtes.


En tout cas, si la fonction pédagogique de cette parabole a atteint son but du temps de Mathieu, celui d’apaiser les esprits, en ce qui me concerne elle a plutôt d’abord éveillé une lecture d’un choc que je vais mettre pas mal de temps à avaler…Enfin, avec la grâce de Dieu

Ne serait-ce pas ça, la solution ?
Pour commencer à comprendre et me sortir de tout ce fatras, je me tourne d’abord vers l’horloge. Tout ce récit se passe entre la première et la onzième heure. [la méthode antique de calcul des heures commençait avec le lever du soleil et divisait la journée en douze parties.]


Et je quitte mon nombril pour me tourner vers la Parole :


Un salaire ?


Jacques 5,4 Voici, le salaire [misthos] des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées.


D’abord évacuer l’image de pièces de monnaie froides ou de chèques en vulgaire papier versés en échange de tant d’heures calculées au barème le plus exact. Attendez-vous à voir un mot qui tire son origine d’un élément essentiel de la vie de nos aînés :

Il vient de salarium.

‘‘ Le sel (sal) était très important pour les Romains, comme pour tous les autres peuples, car il était indispensable pour l’alimentation humaine, pour la conservation des aliments et pour le bétail. Sa production et sa commercialisation étaient d’ailleurs organisées par l’État pour éviter la spéculation et la pénurie. De véritables infrastructures commerciales ont été mises en place pour le sel. Le sel a d’ailleurs servi de monnaie d’échange à différentes occasions dans l’Antiquité.
Le mot salarium désignait à l’origine la ration de sel fournie aux soldats, puis il désigna l’indemnité en argent versée pour acheter le sel (salarium argentum) et les vivres, la solde elle-même avec les prestations en nature, et finalement toute forme de salaire.’’ (Wikipédia).


Y avait-il, y a-t-il un mot qui recèlerait davantage de qualités voire de vertus ? Plus encore qu’une valeur nutritionnelle rare, une capacité exceptionnelle à empêcher la putréfaction des aliments, une référence marchande séculaire, je lui associerai des propriétés encore bien plus élevées:

Pour cela il nous faut remonter encore d’un cran dans son histoire : les premiers à l’avoir utilisé sont les Grecs : ἅλζ devient sal avec cette gymnastique de faire passer le s final devant > Als donne sal. Sans doute, par une utilisation trop fréquente de ce mot, les Latins avaient banalisé sa signification et l’avaient orientée du côté des plaisirs gustatifs

cf. Lucrèce :

« Et les rochers qui surplombent la mer, dévorés par le sel nourricier… » ou amoureux dans le sens de « salaces, licencieux » tandis qu’Homère, lui, quand il évoque la réception de l’ambassade par Achille, parle de « sels divins ou sacrés ».
Car, de par leur nature, les dieux ne sont pas soumis à la loi humaine de la corruption de la chair.
Immortalité.


Quel n'a pas été mon étonnement ces jours-ci que de trouver cette perle d’explication au cours d’un travail de correction : la traduction française d’un ouvrage inconnu de quasi tout le monde! Comme émergé il y a trois ans des salines des Thermes de Balaruc les Bains où je passe les trois semaines habituelles de cure. Un traité consacré à ces eaux dans tous leurs états et « leurs gracieuses vertus » que rédigea en latin un Révérend maître, médecin Docteur de Montpellier, Conseiller et Professeur Royal, Nicolas Dortoman. Quel heureux concours de circonstances a suscité ma modeste contribution à rendre cette étude, un magnifique arrêt sur image daté de 1579, compréhensible à nos contemporains !
C’est hier que, grâce à la lecture de la mouture du Premier Livre qui vient d’être traduit par des professeurs d’Université, je suis davantage entrée dans ce monde si fécond du sel – que j’en mesure toute l’étendue et que j’approfondis bien sûr sur place sa richesse curative dont j’ai déjà expérimenté nombre de bénéfices.

Irais-je jusqu’à voir finalement dans ce mot qui me refroidissait vraiment au départ rien que LE SEL ? Avec tous ses échos bibliques: vous êtes le sel de la terre… avec quoi salera-t-on… Jésus ne veut-il pas nous donner en guise de salaire non seulement une ration de sel mais de devenir du Sel ? Jésus, Médecin de tous, qui n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs.
Et dès aujourd’hui. Et rien que parce qu’on a déjà mis un pied dans sa vigne ? Quel avenir pour tout un chacun :

Etre un grain de sel dans une éternité partagée.

Un dû ?

►Romains 4,4 Or, à celui qui fait une œuvre, le salaire [misthos] est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due ;
J’enregistre mais je n’ai pas fini d’en voir la portée.

Une récompense ?

► 2 Jean 1,8 Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense [misthos].
J’enregistre le mot « fruit ».

Une injustice dans cette inégalité de traitement patente?

► Matthieu 10,41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense [misthos] de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste.
► 1 Corinthiens 3,8 Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail.
► Apocalypse 22,12 Voici, je viens bientôt, et ma rétribution [misthos] est avec moi, pour rendre à chacun selon ce qu’est son œuvre.

J’enregistre : la Justice n’est pas ma petite justice et le tout, ce n’est pas de se contenter de regarder les étoiles mais d’agir.


☼ Ce que Dieu attend : que nous portions du FRUIT → le Bonheur ensemble ☼


Jean 4,36 Celui qui moissonne reçoit un salaire et amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble.

Le reste ce sont des considérations inutiles. Travailler là où on est planté, sans rêver à des conditions forcément meilleures. Travailler dans une vigne qui donne du raisin, ne serait-ce qu’une grappe. Unique et indispensable dans la coupe élevée au moment de l’Offrande. Le Salaire = cela = que je porte du fruit – et pas plus tard quand je serai morte et dans un au-delà légèrement flou. Non ! Je suis déjà dans l’éternité. La vie éternelle c’est un état dans lequel je suis déjà plongée. Ce que j’ai découvert c’est que le salaire, l’engagement que Jésus me fait via Mathieu, ce n’est pas seulement pour plus tard uniquement, il me donne mon salaire dès aujourd’hui ! Quand ? De quelle manière ? Par mon baptême, j’hérite. Mais il ne s’agit pas pour autant de courir après le salaire. Ce n’est pas courir partout, mener des activités pastorales de poids qui traversent les murailles et sont connues de la place publique.

Matthieu 6,1 Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n’aurez point de récompense [misthos] auprès de votre Père qui est dans les cieux.

Mon salaire c’est quand je porte du fruit, plus exactement quand Dieu me donne de porter du fruit, d’être du Sel. Parfois il faut attendre. Longtemps. Des années et parfois on ne voit rien venir et pourtant le fruit, dans sa conception, est déjà là : 9 mois - parfois c’est 9 ans - ou un multiple ou juste la dernière minute. Mystère de la fécondité.
Parfois aussi les versements du salaire s’échelonnent dans une vie. Par exemple, je crois que le salaire de Matthieu, il en a eu les prémices comme ses nouveaux frères lors de son appel et qu’il a répondu sur le champ. C’est sa réponse qui est son salaire. Puis il a vécu son temps de formation comme les autres, avec ses doutes, ses questions, ses joies : ceci est le salaire journalier de l’apôtre Matthieu.
Une fécondité qui le dépasse complètement au moment où il le reçoit, une fécondité dont il ne pourra voir l’immensité unique que lorsqu’il sera entré dans la Famille divine, qu’il verra écrite la première Bonne Nouvelle dont il aura partagé les fondements. Comme cela est notre espérance. Certaine.


Finalement ce que j’apprécie le plus dans la promesse de Jésus, c’est le mot juste au sens d’ajuster, qui manifeste une nouvelle fois sa délicatesse et son attention ‘personnalisée’ dirait-on aujourd’hui envers chacun de nous, son salaire est ajusté à ce que nous sommes. Le salaire que je reçois déjà sur cette terre, ici et maintenant, je suis seule à le recevoir dans sa forme, sa matérialité, son incarnation. Certainement pas grand-chose aux yeux extérieurs mais c’est un don du Seigneur en personne. Une affaire entre personnes. Entre deux personnes. Pas un salaire anonyme décidé par des anonymes. Et un salaire JUSTE parce qu’il ME connait, connait MES talents...et MES pauvretés.

Dieu nous donne un salaire : mais qu’a-t-il à donner comme monnaie sonnante et trébuchante si ce n’est sa Vie ? Il a beau retourner le fond de ses poches : il n’y a rien d’autre.

Le salaire que les Trois personnes divines donnent, elles commencent à le délivrer sur la terre à qui ouvre sa porte pour le recevoir. Ce sont des arrhes. Qui ne nous donnent pas un avant-goût de l’au-delà mais nous tournent vers Dieu comme des plantes héliotropes. Les arrhes : la responsabilité de cette seule femme du village qui va ouvrir la porte de l’église et s’en va dans la neige le soir pour la refermer. Les arrhes : la responsabilité de chacun dans son milieu de travail, son milieu de vie. Avec déjà maintenant le Bonheur de partager déjà main-tenant une Vie. Même dans la souffrance car le Christ la partage et la porte avec nous.


Matthieu 1,42
Et quiconque donnera seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.


Marc 9,41 Et quiconque vous donnera à boire un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.


Dans l’Eglise il n’y a ni « smicards » ni « riches », il n’y a que des enfants d’un même Père, des héritiers d’un Royaume.


Luc 6,35 Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants.



Jésus est venu pour sauver tous les hommes, pas une portion et tout dans notre être.



Que tout genou fléchisse, que toute langue proclame.



∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞



N’empêche : je reste accrochée à la traduction par le mot ‘salaire’. C’est pourquoi je me permets à nouveau de solliciter de la part des traducteurs de la Bible la recherche d’un nom plus ‘ juste ’ parce que plus ajusté à notre époque > A chercher peut-être du côté de « fruit », « fécondité » et plus en avant encore – sans oublier « ajusté ».



Dans ce sens je fais mienne la prière de Benoit XVI lors de l’audience du 25 avril 2007 :

« Prions le Seigneur pour qu'il nous donne aujourd'hui des penseurs, des théologiens, des exégètes qui trouvent cette dimension multiple, cette actualité permanente de l'Ecriture Sainte, sa nouveauté pour notre époque. Prions afin que le Seigneur nous aide à lire de façon orante l'Ecriture Sainte, à nous nourrir réellement du vrai Pain de la vie, de sa Parole. »



Un seul mot, mon Dieu, pour ma lecture d’aujourd’hui avec ses découvertes inattendues:


M E R C I !


∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞∞


NB1. Ne serait-ce pas là LE MOT espéré ?


Figurez-vous qu’il dérive de merces signifiant… devinez quoi ?... SALAIRE…, prix, récompense, solde et en latin tardif, faveur, bienveillance, pitié, grâce céleste...


Et plus encore :



NB2. Merci en grec = ευχαριστώ - en grec ancien εὐχαριστία / eukharistía, “action de grâce ”!



Salaire = Ω Eucharistie Ω



NB3. Un MERCI réciproque > une UNION de nos deux esprits.

_______________________________________